Fetish Store / focus

Le ministère des couches-culottes

Focus - Le ministère des couches-culottes
Agenda Q

Les couches-culottes ont fait leur entrée dans le monde des soirées officielles de Paris Fetish #9. Leurs adorateurs se sont retrouvés pour la première édition de Diaper Minister Party, aux Caves Saint-Sabin. Mais connaissez-vous ce kink qui compile esprit régressif, infantilisation et fetish sexuel ?

A côté des soirées qui célèbrent les fetishs dits institutionnels tels que latex, le cuir et la pisse, les adeptes des couches bien plus discrets viennent avec la soirée Diaper Minister Party de franchir un pas significatif : être reconnu comme un kink comme les autres. Yannick à l’initiative de l’évènement n’est pas un novice dans le milieu. A la tête d’une société spécialiste dans les couches culottes, il connait le marché et ses utilisations. En débarquant à Paris Fetish, il ne voulait pas n’être qu’un sponsor au cœur de cette grande messe fetish parisienne. Il a donc monté un évènement spécifique. Comme il savait qu’il y avait de la demande et que les Diaper lovers le suivraient sur un tel évènement, il a donc investi les Caves Saint Sabin le samedi 27 mai de 22h à 6h du matin. 

Découverte

Plus de 170 personnes étaient présents. Certains avaient déjà leur couches-culottes sous leur pantalon, certains ont retiré leur pantalon et sont restés en t-shirt et couche, d’autres ont enfilé les leurs sur place, plusieurs sont venus en couche un peu limite et en ont profité pour en mettre une propre sur place tandis que quelques-uns ont utilisés les quelques alcôves isolées pour se faire langer à l’abri des regards indiscrets. Car une soirée où l’on porte des couches est avant tout un lieu de socialisation entre fétichistes ayant les mêmes attirances, l’occasion de se rencontrer, de faire connaissance, de boire des verres et si affinités il y a ensuite un échange de numéros de téléphone, et la suite se déroule après la soirée. Disons plus que c’est un grand supermarché où l’on fait ses courses, la baise sur place n’étant pas la finalité. Yannick précise qu’à Berlin en revanche dans les soirées un peu kinky où les couches sont présentes, on se branle dedans, on s’attache un peu, mais ça ne va pas plus loin. Il faut avouer que ce n’est pas un accessoire évident pour la pénétration, et franchement les adeptes ne cherchent pas cela. Ce n’est en effet pas un trip démonstratif et exhibitionniste. Le plaisir est ailleurs et cela se voit lorsque les mecs en arrivent à un moment à retirer leur pantalon, cela signifie qu’ils sont à l’aise et qu’ils passent du bon temps. 

Aires de jeux

Côté ambiance, tout était fait pour offrir une atmosphère régressive et infantilisante. Une zone de 20m2 étaient recouverte de moquette avec un imprimé de circuits de voitures, on y trouvait des peluches et des poufs. Une autre zone en mode Photocall permettait d’immortaliser sa plus belle tenue. Une autre partie était pourvue de des tables avec des crayons et des dessins pour faire du coloriage et un dernier espace était garni de consoles Switch pour s’amuser toute la soirée. Fort des bons retours et du succès, un goûter pourrait venir compléter cette grande aire de jeux pour adulescents en quête d’amour.

Une communauté de jouisseurs-joueurs

Porter des couches-culottes ramène à la petite enfance. « Certains ont des souvenirs et se disent que c’était bien, d’autres ont eu un petit frère ou une petite sœur et à l’âge de 5-6 ans, ils se sont rendu compte que l’on ne s’occupait plus d’eux et que s’ils faisaient encore pipi au lit, ils pouvaient encore porter des couches », explique Yannick. Il y a de la fascination et de la jalousie et puis au début, ça vous titille quand vous êtes gamins vous vous dites que vous retesteriez bien les couches. Puis à l’adolescence avec les hormones, l’envie se fait plus pressante. Une fois majeurs vous franchissez le cap d’acheter des couches et vous découvrez le bonheur qu’elles procurent. Les réseaux sociaux quant à eux vous prouvent que vous n’êtes pas seuls dans ce délire. Voilà le schéma classique des gens qui aiment mettre des couches.

Nostalgie infantile

Pour certains cela restera un sous-vêtement un peu excitant, pour d’autres ça va être le domaine du fantasme, de la régression, du monde de l’enfance, se faire chouchouter, une part aussi de lâcher-prise qui prend le dessus. Mettre des couches n’est pas anodin. « Quand on rentre chez nous, on coupe court au travail, au patron, à la dureté de la vie pour se réfugier dans un cocon de douceur et d’innocence, sans retenue. On allume la télé, on se met devant une bonne série, on met une couche et on est tranquille toute la soirée ou le week-end », analyse Yannick. Pour la plupart des gens, c’est un plaisir qui se vit chez soi, un moment privilégié de détente absolue. Après, s’ils ont une petite course à faire, ils vont garder leur couche sous leur pantalon pour sortir. Ils aiment choisir leurs couches, le style, les motifs. Il y en a même qui les portent H24. A chacun sa manière de vivre l’instant couche et d’y trouver son kiff.

Innocente explosion

Très marginal jusqu’en 2016-17, la tendance s’est inversée. L’épidémie Covid et les confinements successifs ont dû avoir impact non négligeable sur cette progression. Une sorte d’exutoire au sentiment d’isolation forcée. L’explosion du phénomène remonte à 2-3 ans. « Les puppies ont débarqué et ils ont trouvé cool de porter des couches », précise Yannick. Boosters à ce kink resté relativement discret chez les gays jusqu’alors, il était en revanche en odeur de sainteté chez les hétéros.

Mais pourquoi porter une couche ? Sentiment de sécurité, impression de braver un interdit, de contrecarrer le diktat du « comment et où faire pipi », les justifications sont multiples. Mettre une couche c’est un peu se réfugier dans une bulle qui nous projette dans le passé, comme quand nous étions petits. « Dans ce genre de trip, il y a autant de ressentis que d’envies qui expliquent pourquoi on décide un jour de mettre une couche culotte. Ce qui ressort le plus souvent, c’est la sensation de rupture forte qui l’accompagne », renchérit Yannick.  Tout n’est qu’un besoin d’assurance, de confort douillet, de protection retrouvée. C’est très individuel, ça renvoie chacun à sa propre histoire. Loin de la doxa sociale, le port de la couche permet de se déconnecter de cette voie tracée dans laquelle on s’insère naturellement au fil de la vie. Ce pas de côté, cet écart sur le trajet initial offre une opportunité inouïe, celle de donner une sensation de liberté absolue, de ne pas avoir à rendre de comptes. 

Mille et un plaisir

La couche remplace autant le sous-vêtement classique qu’il est un jeu. Mais rappelons que la vertu première de cette culotte absorbante est d’assurer une protection tant que l’enfant ne sait pas maîtriser naturellement son envie de déféquer et uriner. C’est une étape fondamentale dans l’apprentissage de l’hygiène sociale. Ici, on oublie complètement l’injonction parentale qui interdit de s’oublier dans l’envie du moment et on retrouve l’aisance de faire ses besoins sans se soucier de rien. Et cela découle aussi sur un plaisir sexuel pur et dur en se lâchant dedans. « Ça participe à l’excitation. Certains éprouvent un vrai plaisir, un orgasme, une sensation de bien-être. C’est un vrai break de porter une couche. On s’abandonne totalement », analyse Yannick. Voilà pourquoi dans la structure qu’il dirige, il propose un vaste choix de couches-culottes pour satisfaire tous les désirs. Les couches sont issues du monde médical (handicap et personnes âgées) mais aussi celles qu’il a développé à travers ses propres marques pour un usage AB-DL qui sont beaucoup plus absorbantes et avec des motifs. Dans ce cas-là, ça ne ressemble plus du tout à des couches d’Ephad mais à des couches pour bébé destinées aux adultes. Bienvenue dans un monde aux accents de bisounours. Derrière l’aspect madeleine de Proust, ce divertissement régressif procure autant du bien-être qu’une lubricité qui entraine parfois des plans parmi les plus crades qui soient. A vous de choisir !

www.diaper-minister.com


Share :
AgendaQ ©2023
Legals
Français