Si cet été, le temps se gâte, AgendaQ vous propose de vous caler bien au fond de votre canap’ pour revoir ou découvrir les films non-cul qui ont influencé notre appétit fetish.
Sélection non exhaustive, mais indispensable pour se forger une CUL-TURE !
O Fantasma - 2000 -1h27 - film de João Pedro Rodrigues
Synopsis : un chien aboie. Longuement. Un homme habillé de latex en sodomise un autre. Des éboueurs enlèvent des ordures. Dans la cour des boueux, Sergio joue avec Lord, un chien, puis boude Fatima parce qu’elle couche avec leur patron Virgilio.
L’avis d’AQ : fascinant à bien des égards, O Fantasma reste encore aujourd’hui le seul et unique film gay à aborder le fetish du latex dans le 7e art. Provocant et transgressif, il nous invite à vivre les errances de Sergio, le jeune héros. Une fois revêtu d’une combinaison intégrale en latex, il laisse s’exprimer un autre lui, un fantôme guidé exclusivement par ses pulsions sexuelles obsessionnelles. En s’adonnant sans retenue aux pratiques SM, bondage, exhibitionnisme et voyeurisme, l’attrait de la jouissance de la chair avec des mecs de passage l’entraîne jusqu’à baiser dans les ordures. Avec une tension singulière à la limite de l’intriguant, la rareté des dialogues, l’interprétation captivante de l’acteur, la rudesse du propos mêlée de poésie, le fantasme semble expurgé…au profit d’une brutalité pure.
Oï ! Warning - 2000 – 1h26 - film de Ben et Dominik Reding
Synopsis : Janosh a dix-sept ans. Il quitte sa famille pour rejoindre Koma, à Dortmund. Koma et Janosh se sont connus chez les scouts quelques années auparavant, mais Koma est désormais skinhead. Il vit avec Sandra qui est enceinte et rêve d’une famille bien tranquille. Janosh est fasciné par son ami, par sa virilité, son univers, sa liberté. Bientôt il est temps pour lui de raser ses cheveux, de s’intégrer au groupe de Koma. Janosh apprend vite.
L’avis d’AQ : sorti à la période de la mouvance skin chez les gays, ce film iconoclaste a permis de démonter l’idée que les skinheads étaient d’extrême droite. En posant sur des images puissantes tout en noir et blanc, la quête d’identité de Janosh dans les pas de Koma, OÏ ! Warning permet d’une part de légitimer la communauté skin mais aussi de questionner sur la place de l’homosexualité dans ces groupes ultra virilistes. Entre fraternité comme socle d’appartenance, musique entraînante comme marqueur de reconnaissance, et construction du personnage dans un monde épris de liberté, de respect et de masculinité, on se fait rattraper par ce milieu dégueulant de testostérone, de foutre, de bagarres et de tatouages à tout va. La scène dans la boue entre les deux mecs est juste ultra tendancieuse. Ce film qui pue le cul à n’en plus pouvoir est un excitant naturel. Un seul regret, c’est qu’il soit uniquement en allemand et sous-titré en anglais. Encore que !
Hustler White - 1996 - 1h20 - film de Bruce LaBruce et Rick Castro
Synopsis : Bruce LaBruce et le photographe Rick Castro s’associent pour réaliser une folle reprise de Sunset Boulevard, dans le Santa Monica des années 90. Jurgen Anger est un anthropologue qui vient d’arriver à LA. Lorsqu’il croise le gigolo Montgomery Ward au visage d’ange, il tombe éperdument amoureux.
L’avis d’AQ : Un film a la croisée des chemins. Derrière son air de film arty underground, on file dans les quartiers d’Hollywood où prostitution et films pornos gays constituent l’ambiance générale. Du documentaire à la romance en passant par le film porno, on a le droit à tout dans Hustler White. On a l’impression que le propos est foutraque. Il faut avouer qu’entre le son étouffé, l’image tremblotante, les jeux d’acteurs loin de valoir une Queer Palm, ce film casse les codes. Entre un Tony Ward plus sexy que jamais en tapin sur Sunset Boulevard, prétexte parmi d’autres à nous montrer du porno, du fetish, du kink, on glisse vers des pratiques déviantes comme la mémorable scène de fist-fucking prodiguée par un unijambiste. On entre de plein fouet dans un OVNI (objet visiblement non identifié) autant exploratoire qu’expérientiel.
Querelle - 1982 – 1h47 - film de Rainer W. Fassbinder
Synopsis : le Vengeur vient d’accoster à Brest. Sur le pont, l’équipage s’affaire aux dernières tâches avant de descendre à terre. Parmi eux, Querelle, beau marin à l’immense pouvoir de séduction, ne laisse pas insensible son supérieur, le lieutenant Seblon. Dans le plus grand bouge de la ville, au milieu de la nébuleuse interlope du port, Querelle retrouve son frère Robert. D’étranges rapports de haine et d’amour lient les deux hommes. Fasciné par Lysiane, la maîtresse de Robert, Querelle doit cependant se soumettre au désir de Nono, le tenancier du bordel...
L’avis d’AQ : ce qui fut le film posthume du réalisateur allemand est une mise en scène sur pellicule ultra kitsh assumée de l’univers complexe de « Querelle de Brest » de Jean Genet. Dans un décorum des plus criards, ce pensum érotico gay fait l’apanage ces clichés relatifs au sujet. Derrière l’intrigue ne reste à l’esprit que la tension sexuelle qui lie les personnages. L’univers des marins avec leurs tenues, le coté moite de l’atmosphère, les attitudes, la vie entre hommes et les débarquements dans les ports à chaque escale, servent de trame à une histoire qu’il faut bien admettre lente et assommante. Brad Davis dans le rôle de l’homosexuel est impeccable, tout comme Jeanne Moreau en second maillon. Avec ce Querelle, Fassbinder qui ne verra jamais le résultat final puisqu’il succomba d’une overdose, livre son grand retour à ses productions semi-pornographiques du début de sa carrière. Ce film reste par sa liberté de ton, le casting de beaux mâles et la surenchère d’images érotiques, une vision fantasmée des hommes aux pompons.
Cruising - 1980 – 1h40 - film de William Freidkin
Synopsis : la police new-yorkaise enquête sur deux meurtres d’homosexuels appartenant à la tendance sado-masochiste, qu’elle pense être dus au même tueur. Le capitaine David Edelson, chargé de l’affaire, propose à un jeune policier en uniforme, Steve Burns - qui possède les caractéristiques physiques des victimes - d’infiltrer la communauté gay. Comme il ambitionne de devenir «enquêteur», Steve, voyant la possibilité d’une rapide promotion, accepte, en dépit du danger qu’il encourt. Installé dans un appartement de Greenwich Village, Steve fréquente toutes les nuits les lieux de rendez-vous homosexuels : bars, discothèques, boîtes de nuit, jardins publics. L’assassin, habillé d’un blouson de cuir à pièces métalliques cliquetantes, porteur d’une casquette de motocycliste et le visage dissimulé derrière des lunettes de soleil, frappe par deux fois encore.
L’avis d’AQ : vaguement basé sur le roman du même nom, celui d’un tueur en série ciblant les homosexuels, en particulier ceux qui sont associés avec le cuir sur scène. Malsain, dérangeant, voire glauque, on pénètre dans les milieux hard, SM et les cinémas pornos gay de New-York, terrain de chasse de ce serial killer. Dans le film, 3 minutes d'images hard et crues en font un film incontournable pour la communauté fetish. En effet, pour la première fois sur grand écran, on découvre l’intérieur d’une backroom cuir et BDSM des années 70, en pleine libération sexuelle. Ce film avait-il vocation à choquer ? La question demeure. Entre une intrigue fournie, le jeu brillant du premier rôle interprété par Al Pacino en policier qui évolue jusqu’au bout de la nuit dans le business du sexe entre hommes et un rythme haletant, on ressort de cette plongée en apnée dans l’univers underground gay de Big Apple, totalement repus. Bon app’.