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Edito Agenda Q #236 mai 2025 : allez, on chamboule tout !

Franck Desbordes

Vous l’avez remarqué, notre rubrique web a disparu du magazine le mois dernier. Et sur notre site web agendaq.fr, elle n’est désormais plus mise à jour. Dans ces pages, nous référencions depuis l’origine du magazine en 2004 les sites web Hard-Bdsm-Trash-Fetish, les Tumblr, Bdsmlr, les comptes Twitter, … afin de montrer la diversité des pratiques sexuelles et le caractère pluriel de notre communauté. Cette rubrique, au-delà de son aspect parfois un peu sensationnel, servait aussi à lutter contre les stigmatisations intracommunautaires en tous genres ; de même, elle était destinée à faire en sorte que chacun constate qu’il n’est pas isolé dans sa ou ses sexualité(s) et qu’il en soit fier. C’était un outil d’acceptation, de démocratisation et de vulgarisation des pratiques. 

Mais au fil des derniers numéros, tout cela finissait par tourner en rond. Pas ou peu de nouveautés, des illustrations vues et revues… et un ras-le-bol de taguer pendant des heures les 400 clichés mensuels depuis 20 ans, sachant que nous manquons de temps et que de toutes façons, une fois qu’on a fait du hard, et du plus hard, et du plus hard encore, il y a un moment où on ne peut plus beaucoup innover, surprendre, attirer la curiosité. Nous avons donc pris la décision de ne plus alimenter cette rubrique sur le web non plus. Mais rassurez-vous, pour l’instant, elle reste accessible (avec plus de 46 000 images disponibles) et bien sûr, nous continuons à alimenter nos rubriques Gifs xxx et Vidéos xxx quotidiennement (sauf si on nous dit un jour que la nouvelle loi SREN qui réglemente la diffusion de matériel pornographique s’applique aussi à nous, ce qui ne semble pas être le cas pour l’instant…)

L’arrêt de cette rubrique emblématique marque un véritable tournant dans la vie d’AgendaQ. Il s’agit désormais d’accélérer et de terminer réellement notre métamorphose numérique. Car même si on ne sait pas si AgendaQ durera encore cinq ans, dix ans, plus ou moins, on sait qu’inéluctablement, à l’avenir, il y aura moins de papier et plus de numérique : site web et réseaux sociaux. 

Deux raisons à cela :

la première est financière. Depuis la crise sanitaire, les prix d’impression du magazine ont flambé et ne cessent d’augmenter, alors même que le niveau de publicité ne suit pas. Certains établissements qui étaient annonceurs publicitaires avant cette période ont disparu, ou à l’instar d’AgendaQ, sont en fragilité du fait des prêts garantis par l’Etat (PGE) qu’on nous a obligé à prendre pour sauver nos entreprises. Une sorte de taxe supplémentaire très élevée pour qui voulait sauver l’emploi et l’outil de production lui-même déjà largement taxés et imposé. Dans cette équation, le prix de l’édition papier pose question. Moins de pages imprimées ? Un magazine imprimé bimestriellement (tous les deux mois) ? Arrêt définitif du magazine imprimé à terme pour ne proposer qu’une seule édition numérique ? Peut-être… Tous les options sont aujourd’hui sur la table. Sachant que désormais et sans aucune promotion, la version numérique en PDF est autant lue que la version imprimée…
La deuxième raison est à la fois heureuse et démographique : les jeunes, même s’ils ne viennent pas suffisamment dans les établissements, sont vraiment de plus en plus nombreux à investir la scène fetish. La publication des derniers reportages photos réalisés lors de la Rub’Week 2025 le mois dernier en sont une démonstration exceptionnelle : elle a occasionné une arrivée massive de nouveaux membres (des jeunes mecs de 18 à30 ans) sur le site web, sur Instagram et sur Facebook. En réalité, cela fait plusieurs mois que nous constatons ce phénomène de rajeunissement de nos audiences numériques, même sur Facebook …

Cette mutation, à la fois populationnelle, éditoriale, structurelle et financière, est un véritable moment charnière dans l’histoire de votre fanzine fetish. Il faut désormais clairement accompagner le mouvement et mettre notre énergie là où nous sommes utiles et attendus. Dans les prochaines éditions du magazine, nous verrez donc certainement des rubriques « se numériser » : en clair disparaître du mag pour être disponibles uniquement sur le web. Nous allons faire faire plus et mieux sur le site web et les réseaux sociaux, et faire moins sur l’édition imprimée. Avec à la clé des économies. 

En chaque crise, paraît-il, il faut voir une opportunité de faire autrement… 
Allez, let’s go !

Franck Desbordes, Directeur de la publication

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