Après deux ans sans avoir pu ouvrir ses portes, l’édition 2022 de Darklands était le rendez-vous à ne surtout pas manquer. En amateur et mateur lubrique, je me suis rendu à cette grand-messe fétichiste cul. Récit.
Après avoir écumé pas mal de cruising bars, de saunas, de lieux de baise en pleine air et d’événements internationaux comme Easter, Maspalomas, Folsom, l’envie d’aller passer un week-end de pure luxure à Anvers me titillait depuis un bon moment. C’est avec un couple de potes qui y était voilà déjà trois ans que je pars. Ils seront mes guides dans le ventre du vice et de la petite vertu. Billets de Thalys en poche, BnB réservé au cœur de la cité des diamantaires, soirées programmées, nous sommes au taquet. Quelques semaines avant le grand départ, nous entamons une grande réflexion sur les tenues que nous porterons pour ces 3 jours de fêtes. Branchés tous les 3 latex, nous préparons un vestiaire commun après de multiples essayages pour entrevoir toutes les combinaisons possibles. Une tenue par soir et quelques options au cas où et tout est dans les valises. Vendredi matin, rendez-vous à la gare du Nord. Le Thalys ressemble plus à une procession de mecs en rut qu’à une virée touristique. On se salue sur le quai, on échange des regards, on sent déjà une tension sexuelle s’installer alors que le train n’est pas encore parti. Nous nous installons dans la train, dans un carré familial. Etant trois occupants, je commence à parler cul, quand notre voisin de trajet, un jeune homme en jean et TN s’installe. Je châtie mon langage pour ne pas choquer par mes propos très explicite quand il me rappelle à l’ordre et me prévient que nous allons au même endroit et que je peux m’exprimer sans gêne. Nous discutons tout du long. J’avais presque oublié le bienfait que cela fait de vivre ces moments un peu suspendus propres aux virées culs qui s’égrènent un peu partout en Europe.
Antwerp
Pour nous, Darklands sera notre sortie du samedi soir pour la soirée Rage, le Climax de darklands, le soir le blindé du week-end. Pour faire connaissance avec la ville et se préparer à ce grand moment, nous prenons le temps de flâner toute la journée dans la ville en ce vendredi ensoleillé. On voit que l’on est en fetish week. Dans les rues, c’est un défilé de skins, mecs cuir, punks, latex, sportswear, harnais. Les mecs se tiennent par la main, s’embrassent, boivent des bières et s’amusent. Un passage chez Mister B qui ne désemplit pas.Un repérage des hangars en bord du fleuve qui accueillent le plus gros event fetish indoor d’Europe s’impose. Les grues qui jalonnent les quais en direction de l’entrée sont un des hauts lieux de photos shootings souvenirs. Nous nous laissons tenter par cette tradition que l’on aime médire mais bon, nous y sommes, autant se faire plaisir ! Un de mes potes, mains contre un wagon, pantalon sur les chevilles tend son cul nu. La caméra du téléphone n’en perd pas une miette. Son mec, lunettes aviateurs sur le nez, blouson en jeans pour seules sapes, joue les durs devant nous. Je me fous entièrement à poil, prends la pose, écarte les cuisses, l’objectif me mitraille. Des mecs passent à côté, reluquent, je kiffe. Mon côté exhib prend le dessus. Au loin les énormes lettres de Darklands annoncent la couleur sur le devant de cette zone industrielle qui sert de bordel XXXXL. Nous entrons dans le bar à ciel ouvert qui est à l’entrée. Les mecs sont en cuir, en latex, en puppies, superhéros, on entend toutes les langues se mélanger, parmi lesquelles nombre de français. C’est l’instant pause pour le staff et les gars qui sont venus assister aux performances, master classes et ateliers qui sont au programme à l’intérieur. Nous faisons le tour du lieu, la musique bat son plein, on entend la présentation des sex-show en live. Ça a l’air de prendre son pied à l’intérieur, j’en suis tout émoustillé et impatient d’en faire partie. Nous retournons nous poser à la maison car pour nous en guise de mise en bouche, ce soir ce sera Le Boots, partenaire officiel de Darklands.
Un autre monde
Pour beaucoup d’entre nous, Darklands est le pèlerinage annuel qu’il faut faire pour satisfaire ses envies les plus crues et parader dans ses fetish. Me voilà donc après une longue nuit de baise au Boots prêt pour rentrer dans la cour des grands et me lâcher. Après une journée à la cool, à profiter, comater afin d’être en pleine forme pour la soirée Rage, vient le moment de se préparer. Lavements, choix de la tenue et go. Ce sont des grappes de mecs qui vont dans la même direction. Arrivés sur place, tout est super bien indiqué. On traverse un parking, où des mecs se changent. Impossible de se planter dans le parcours, le professionnalisme Darklands se matérialise. On m’avait dit que c’était super bien gérer, je le vis en direct. Les entrées sont distinctes pour les possesseurs ou non de billets, on passe prendre un vestiaire, aux choix grand ou petit. Je vous engage à prendre un grand si vous êtes venu avec du matos et un sac. Nous achetons des bons de débits de boissons vendus par paquets, histoire de s’abreuver toute la nuit sans avoir à sortir de carte bancaire. Nous trouvons nos casiers parmi des milliers dans un gigantesque vestiaire qui sent le cul, la testostérone, le foutre. Les gars bavardent, se changent. Je quitte ma tenue skin pour laisser apparaître un débardeur et jockstrap en latex transparent avec l’inscription Dirty en rouge sur le plastron pour être on ne peut plus clair sur mes trips, et une grosse paire de rangers avec lacets et chaussettes rouges. Mes amis sont en mode latex aux aussi. La messe est dite, à nous la folie furieuse de Darklands !
Au plus profond
Nous partons en exploration. Un espace puppies avec une grosse piscine dans laquelle ils se lancent des balles, tout en grognant ou en se sentant le trou nous accueille, des shops sont à coté pour les goodies Darklands à offrir en cadeau à vos amis restés à la maison. A partir d’ici plusieurs univers composent le lieu. Sur la gauche, le premier et plus grand dancefloor avec deux rings de part et d’autre où des milliers de gars dansent sur de la musique électro distillée sur une scène par des DJs qui se relaient toutes les heures dans une scénographie mêlant show avec des flammes et des projections sur un écran. Deux bars encerclent l’espace et un passage à l’arrière de la scène évite de fendre la foule. Dans cette assemblée, tous les dresscodes se côtoient, les mélanges de genres sont les bienvenues. C’est du pur délire, un véritable spectacle à ce niveau-là. La règle est suivie à la lettre, que l’on soit à poil avec un harnais, un cockring, des ballstrechers, ou en survêtements, en total look cuir, c’est le latex néanmoins qui prédomine et de loin. De l’autre coté de salle, nous attend la backroom tant attendue. Là, c’est le grand déballage. Glory holes, des culs anonymes à dispo, une grande pissotière avec balcon pour profiter de douches dorées généreusement données par des vessies trop pleines, des salles de fist avec matelas, une ribambelle de slings tous bien occupés, des cages pour le BDSM, des mecs qui se font fouetter, cravacher, ceinturer, le tout avec des capotes, du gel et du sopalin un peu partout. C’est la folie autant au rez-de-chaussée qu’à l’étage ou l’on peut niquer tout en regardant les mecs danser sur la piste en contre-bas. Des mecs se font tourner et remplir à la chaine (sous PrEP ou sous traitements), les bites turgescentes passent de bouches à culs en permanence, ça geint, ça gobe, ça suce, ça empale, ça crache, ça jouit, ça recommence. Ici tout est permis ! On vient se vider les couilles et se faire exploser le trou. Les Masters mettent leurs Slaves à l’abattage quand un petit mec en latex integral avec urinoir intégré dans le dos, vidange les trop plein de bières. Mes potes sont partis s’amuser, je ne laisse pas ma part au chat et passe de mains en poings, de teubs en bites, me faisant arroser de pisse autant que de foutre. Assoiffé de cul, je ne tiens plus en place, je suis au Paradis.
Fiers d’être PD
Régulièrement, des pauses s’imposent, le bar nous appelle, nous nous retrouvons avec mes potes pour aller siroter et faire un tour dans les autres salles. De l’autre côté de la zone puppies, deux dancefloors ont été montés l’un électro et l’autre en mode radio Nostalgie, nous laisse interrogatifs, mais les mecs semblent s’éclater lookés sur de la musique disco, tant mieux. Coté backroom, on passe à un espace leather et kiffeurs avec des lascars en survêt baskets qui sniffent leurs pompes et leurs chaussettes bien daubantes tout en se défonçant le fion. C’est super bandant de les voir se renifler la crasse comme ça. Du bon poppers naturel ! Ce qui est génial avec ce genre d’endroits, c’est que l’on en fait ce que l’on veut. Que l’on vienne uniquement danser, que l’on puisse tripper sur une tenue et l’arborer avec fierté ou/et venir pour baiser, Darklands se vit comme un espace d’acceptation de soi en assumant sa sexualité sans jugements ni préjugés. L’unité se fait avant tout sur le coté fétichiste. On peut aussi passer en effet beaucoup de temps à observer et avoir l’impression d’être dans un défilé de mode où les mecs présentent leurs dernières acquisitions plus ou moins réussies, mais on est loin de cet esprit voyeur. Le respect y règne, les gars sont souriants, avenants, on y discute facilement, on se regarde et on finit à quatre pattes, c’est ça Darklands, le temple des possibles. Une fois la soirée achevée, le trou bien buriné et la bouche fatiguée, on en ressort satisfait avec une seule envie, remettre ça en puissance 10, l’année suivante. Rendez-vous est pris !