A partir du 17 septembre et pour 8 dates, le Théâtre Pixel à Paris sera le témoin privilégié d’une histoire peu commune, celle du Frigo. Mise en scène par Guillaume Antoniolli et interprété par Fabio Di Domenico, vous allez plonger dans l’univers pervers et trash de l’auteur Copi.
L’affiche annonce la couleur. Un homme en combi latex, le cul à nu recroquevillé dans un frigidaire. L’image est décalée tout autant que le texte qui vous attend. Copi, à l’origine de ce drame burlesque et absurde, est un des grands noms de la littérature gay. Il a insufflé une trame, dépassé les limites, exposé l’irrévérencieux, le pervers, fait parler, a choqué, mais toujours dans la perspective de faire réagir sur la condition homosexuelle. Celle-là même qui ne pouvait s’exprimer, qui ne pouvait être montrée, que l’on ne voulait pas voir à l'époque. Lui a assumé pour les autres, il a bâti son image sur l’outrance de ses propos, sur le côté dérangeant que cela engendrait. Censuré, il l’a été. Mais jamais, il n’a cédé.
«Le Frigo» est une de ses pièces emblématiques
Copi est de ces auteurs de théâtre hors normes et un homosexuel revendiqué qui bouffe la vie par les deux bouts, si ce n’est pas plus… Il est connu pour de nombreuses pièces "rentre-dedans", mais aussi dans le milieu de la nuit et des boites à cul hard comme le Transfer qu’il arpentait avec plaisir. Il aimait la fête, les drogues et le cul trash, ce qui se voit tout particulièrement dans ces pièces de théâtre comme Le Frigo. Dans cette pièce, remise au goût du jour par le metteur en scène Guillaume Antoniolli, et servit par le jeune comédien Fabio di Domenico, Copi nous fait pénétrer dans la vie de L, un ancien mannequin reconverti dans l’écriture qui pour ses cinquante ans reçoit en cadeau un frigo. Quelle drôle d’idée, un Frigo. Mais souvent cet élément simple de notre quotidien, presque clinique, froid et inerte est une porte d’entrée vers une introspection brute et touchante, déroutante même. Souvent, les œuvres de Copi sont un reflet de la vie homo d'alors comme de ses propres expériences et immersions dans les endroits de socialisation PD et de rencontres sexuelles. Ici, les parcours vont se percuter, les aventures se mélanger sans fioriture ni concession.
La compagnie des Hommes perdus
Militant dans l’âme, il l'a été, de juin à août 1979, dans le quotidien Libération, il laisse son imagination prendre le dessus pour commenter l’actualité ; Il en ressort une petite créature inventée sur mesure pour le quotidien : Libérett’. Ses dessins politico-pornographiques, mâtinés d’humour noir et franchement potaches font rapidement scandale. Un terme est mis à l’aventure Libérett’ dès la fin du mois d’août 1979 au nom de la bienséance. Il meurt des suites du sida à 48 ans en 1987, alors qu'il était en pleine répétition d’Une visite inopportune dont le personnage principal est un malade du sida qui se meurt dans un hôpital. Fidèle à son style et à ses convictions, le Frigo est destiné à un public averti.
Retrouvez l'interview vidéo de Fabio Di Domenico tournée dans les toilettes du SecteurX (merci le SecteurX !) ici.
Le Frigo de Guillaume Antoniolli, Théâtre Pixel, 75018 Paris.